
Résumé
Louise tente de se remettre d’un accident de voiture. Enfermée dans son rôle de mère et d’épouse, elle peine à reprendre goût à la vie. Un jour, elle rencontre Maxime, un pianiste de renommée internationale et c’est alors que commence une étrange cohabitation au-dessus du lac Léman. Au cœur même de leurs doutes, de leurs désirs et de leurs différences, Louise et Maxime parviendront-ils à se comprendre et à trouver un équilibre ? C’est avec piquant et poésie que Maryline Jaquet nous invite à nous questionner sur la qualité du quotidien et le sens de la vie.
Prix: 25.-
Mes inspirations d’écriture
La simplicité et la proximité de ce roman en sont la clé ! J’ai adoré évoluer avec Louise, pleurer avec Maxime, rire avec Fidji. Je crois même avoir, une fois ou l’autre, dormi aux Sérans ! Nous nous retrouvons tous dans ces personnages, si quelconques et si particuliers tout en même temps. Des mises en situation qui soutiennent, des intrigues qui questionnent et pousse le lecteur à voir son propre quotidien sous un angle nouveau. Une découverte de sensualité propre à révéler la femme dans sa féminité. Autant d’ingrédients qui me sont venus spontanément et sans retenue.








J’entre dans la magnifique propriété vigneronne par l’allée principale.
— Bonjour, me lance un homme en bleu de travail en s’avançant vers moi.
— Bonjour. Je… j’ai rendez-vous avec… avec Maxime.
— Je ne l’ai pas encore vu ce matin. Vous connaissez les lieux ou vous voulez que je vous conduise à lui ?
— Je… je veux bien que vous m’y emmeniez, si cela ne vous dérange pas.
— Pas de souci, la nature est patiente, dit-il en déposant ses outils sur un muret.
— Vous êtes jardinier ?
— Entre autres. Il y a toujours quelque chose à faire dans cette grande bâtisse.
— Ma maison est toute petite et je n’en vois déjà pas le bout, dis-je alors que nous arrivons à l’entrée d’une cour intérieure.
La glycine est encore nue à cette saison, mais la vigne vierge amène une ambiance douce et chaleureuse.
— Il y fait bon vivre, dit l’homme en captant mon regard admiratif. Vous voyez ce banc là-bas ? C’est l’endroit où je me sens le mieux au monde.
Je lui souris, attendrie. Il l’aime cette maison, ça se voit.
— Oh, Charly, arrête d’embêter les jeunes femmes sans défense ! lance soudain une voix derrière nous.
— Nerveuse, je regarde Maxime traverser la cour.
— Vous voilà à bon port, me dit Charly en soulevant son chapeau.
— Vous avez trouvé facilement ? demande Maxime en me tendant la main.
— Je…
— Vous… plaisante-t-il d’un ton malicieux.
Je prends le bras qu’il me tend et le suis vers l’entrée.
— Venez, nous allons faire le tour du propriétaire.
Nous traversons un couloir fait de pierres sèches avant d’arriver dans un salon meublé avec goût.
— C’est très beau chez vous, je murmure, conquise. Les maisons vigneronnes sont souvent si sombres dans la région.
— C’est ce que nous avons voulu éviter justement. Baies vitrées et puits de lumière ont savamment été agencés par mon architecte afin que les pièces restent claires tout au long de l’année.
— C’est très réussi.
— Ravi que cela vous plaise ! lance-t-il avec un clin d’œil avant de m’emmener à une table haute, près de la baie vitrée.
Je m’assieds sur la chaise qu’il me propose.
— Votre intérieur est meublé avec goût.
— J’ai un très bon décorateur en plus d’un formidable architecte.
Je détourne le regard.
— Qu’y a-t-il ?
— Je… non… rien.
— Allez, Louise, pas de secret entre nous.
— Je… je me dis juste que… tout cela est… c’est un autre monde.
— Et alors, où est le problème ?
— Je n’ai pas ma place ici.
— Libre à vous de ne pas vous y sentir à l’aise, mais sachez que vous y avez votre place si vous le décidez.
— Votre maison est tellement belle.
— Alors voilà, d’ici quelques minutes, vous allez me dire que tout cela est trop beau pour vous, c’est ça ?
— Oui… peut-être.
— Rien n’est jamais trop beau pour personne, Louise. Tout le monde a le droit à ce qu’il y a de mieux.
— Sûrement, dis-je à mi-voix.
— Êtes-vous croyante ? me demande-t-il en attrapant la carafe d’eau posée sur la table.
— Croyante oui, mais pas pratiquante.
— Eh bien, sachez que les affreuses pensées judéo-chrétiennes qui encombrent votre cerveau ne sont là que pour rendre les gens encore plus malheureux qu’ils ne le sont déjà.
— Vous croyez ?
— Non seulement je le crois, mais je le vois ! Observez-vous, Louise, vous êtes percluse de doutes, d’excuses et de retenues.
— Et vous, vous êtes très direct dans votre genre.
— Excusez-moi, mais sentir l’emprise que la morale a sur les gens m’énerve au plus haut point. Ces dogmes et ces croyances qui vous restreignent sont de véritables fléaux. Sous ces habits ternes et étriqués que vous portez se cache une femme libre et insouciante, j’en suis persuadé.
— Ce pull rouge et cette jupe plissée ne vous plaisent pas ?
— Vous voyez ce que je veux dire, murmure-t-il en plongeant son regard sombre dans le mien.